Photo d'illustration : Crédits Nick Fewings - Unsplash |
Photo que j'avais prise lors d'une escale à Nairobi au Keyna |
Le 29 avril 2019, en réponse à la question de Jean-Philippe Vetter, le conseiller municipal de droite, sur la mendicité agressive, le maire de Strasbourg lui expose son récent arrêté municipal anti-mendicité.
Certains se sont félicités de la nouvelle, comme Yves Bur, l’ancien député de Strasbourg-Campagne dans Les Dernières Nouvelles D'Alsace du 3 mai 2019
" tout le reste n’est que postures idéologiques". Or, conclut l’élu lingolsheimois, en matière de sécurité des personnes, "il n’y a pas de place pour l’idéologie, il faut des actes."ou encore Le Vitrines de Strasbourg dans un communiqué de presse daté du 29 avril 2019
Des voix s'élèvent contre cet arrêté
D'autres élus ont été manifestement contre. Je peux en citer quelques uns comme les écologiques
Paul Meyer l'adjoint du centre ville et du commerce du groupe La Coopérative - Génération.s a exprimé son indignation lors de sa prise de parole.
Philippe Bies a pris lui aussi une position ferme sur le sujet alors qu'il est dans la majorité municipale. Et c'est ainsi, le maire de Strasbourg l'a rappelé à l'ordre.
Syamak Agha Babaei, vice-président de l’Eurométropole chargé de l’habitat et médecin urgentiste de métier, appelle d'ailleurs avec d'autres associations à attaquer l’arrêté au tribunal administratif.
Pourquoi faire un arrêté si la loi existe déjà ?Suite à l’arrêté anti-mendicité du maire de @strasbourg bâtissons un front citoyen, associatif et politique pour une ville zéro sans-abri et attaquons l’arrêté au tribunal administratif @Labo_Citoyen @SDFAlsace @Abbe_Pierre @Rue89Strasbourg @dnatweets @20minutesstras @bleualsace— Syamak AGHA BABAEI (@Syamak) April 30, 2019
Comme beaucoup de Strasbourgeois, nous nous étonnons que l'arrêté municipal de Strasbourg ne prenne en compte que la place du Marché-Neuf, la place du Temple-Neuf et la rue des Grandes-Arcades. Quand sont-ils des autres endroits de la ville notamment la Grand'Rue ?
Cet arrêté n'est-il pas une communication politique de la municipalité ? En effet, le législateur condamne déjà la mendicité agressive dans le code pénal.
Article 312-12-1 :
Le fait, en réunion et de manière agressive, ou sous la menace d'un animal dangereux, de solliciter, sur la voie publique, la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien est puni de six mois d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende.Article 225-12-5
L'exploitation de la mendicité est le fait par quiconque de quelque manière que ce soit :
Est assimilé à l'exploitation de la mendicité le fait de ne pouvoir justifier de ressources correspondant à son train de vie tout en exerçant une influence de fait, permanente ou non, sur une ou plusieurs personnes se livrant à la mendicité ou en étant en relation habituelle avec cette ou ces dernières.
- D'organiser la mendicité d'autrui en vue d'en tirer profit ;
- De tirer profit de la mendicité d'autrui, d'en partager les bénéfices ou de recevoir des subsides d'une personne se livrant habituellement à la mendicité ;
- D'embaucher, d'entraîner ou de détourner une personne en vue de la livrer à la mendicité, ou d'exercer sur elle une pression pour qu'elle mendie ou continue de le faire ;
- D'embaucher, d'entraîner ou de détourner à des fins d'enrichissement personnel une personne en vue de la livrer à l'exercice d'un service moyennant un don sur la voie publique.
L'exploitation de la mendicité est punie de trois ans d'emprisonnement et d'une amende de 45 000 euros.
Photo d'illustration prise par Mihály Köles - Unsplash |
N'avions-nous pas en fait peur d'être un jour à la place du mendiant en face de nous ?
La mendicité à Strasbourg est agressive de quelque manière que ce soit, car elle est visuelle. Nous avons en face de nous un pauvre, qui nous demande de l'aide. Ce qui nous dérange, c'est que c'est chez nous, et pas n'importe où. Strasbourg, c'est notre ville, une ville civilisée, d'un pays développé, d'un pays riche...
Un Strasbourgeois hier m'a dit que les SDF étaient levés à 6 heures du matin pendant les périodes d'été et du marché de Noël. Rappelons nous le scandale de la vidéo Facebook de 2017, montrant la police municipale en train de les réveiller avec leur voiture dans une galerie de l’hypercentre, depuis est-ce que cela a changé quelque chose ? Pas vraiment.
Un ami a soulevé un point intéressant :
"Mais pourquoi ne devons-nous pas condamner aussi les associations qui veulent nous vendre des abonnements pour d'associations caritatives ?Cachons donc ces pauvres que nous ne serions voir.
La mendicité dans la capitale de l'Europe, dans un pays si développé comme la France, est le témoignage de l'impuissance de nos politiques publiques à résoudre les problèmes de pauvreté.
Si nous avons arborons cette mendicité, n'est-ce pas parce que nous craignions, nous aussi un jour, peut-être, d'être à la rue, comme ce mendiant en face de nous ? Qui est à l'abri ?
Mais, des solutions existent pourtant
Le labo Citoyen, collectif de réflexion politique fondé par Syamak Agha Babaei propose de trouver un logement aux sans-abris.
Il faudrait la création de 500 places pérennes d’hébergement financées par les collectivités territoriales Ville et Eurométropole de Strasbourg pour un coût possible de 3 millions d'euros.Signez notre pétition qui permet de mieux abriter les personnes vulnérables ; de favoriser leur développement et leur intégration ; à coût égal https://t.co/PajDcdaWVY via @mesopinions_com— Le Labo Citoyen Strasbourg (@Labo_Citoyen) February 5, 2019
La pétition sur Mes Opinions ne compte que 928 signatures et celle sur la ville reconnue par la ville de Strasbourg, quatre.
Mais, pour l'instant, à Strasbourg, tâchons de cacher ces pauvres que nous ne saurions voir.
Suivez et soutenez quelques associations sur Facebook :
Collectif SDF Alsace
La Maraude du partage
Emmaüs Strasbourg
Pétition pour trouver un logement aux sans-abris à Strasbourg par le labo-citoyen
Création de 500 places pérennes d’hébergement financées par les collectivités territoriales Ville et Eurométropole de Strasbourg
Articles complémentaires :
Les arrêtés municipaux sont-ils légaux ? de ATP Quart Monde
Strasbourg : Ries et Herrmann justifient l’arrêté anti-mendicité agressive - DNA
Ps : S'il faut mettre d'autres associations Strasbourgeoises dans cet article, n'hésitez pas à me l'écrire dans vos commentaires.
Beau sujet et très bon papier...
RépondreSupprimerJuste un chose qui fache: l'utilisation abusive des images des noirs (pour l'exemple) dans de tels sujets - même avec de très bonnes intentions, comme ici - ça commence à bien faire. Pourquoi cet exemple et cette photo de Nairobi? Y avait pas autre chose pour bien illustrer la mendicité à Strasbourg?
Ça me gonfle, sincèrement.
Cordialement.
Signé @bembelly/Twitter
Bonjour Bembelly,
SupprimerJe vous remercie de ce commentaire. La photo de Nairobi est la mienne. Je l'avais faite lors d'une escale à Nairobi. Je voulais montrer la pauvreté. J'en avais faite une de Dacca mais je ne l'ai plus retrouvée. J'ai rajouté d'autres photos du domaine public afin qu'elle ne soit ps mal interprétée.
Cordialement,
Bonjour à toi, sujet délicat dans pour beaucoup de grandes villes tel que chez moi aussi ROUEN.Ce type d’arrêté me gène au plus haut point quand nos politiques souvent accrochés à leur place et voulant faire plaisir à leur électorat ponde ce genre de chose. J'avoue que traité les résultats d'une politique de plusieurs dizaine d'année est plus facile que de traiter à la base ce problème. L'humain se dirige tout droit dans le mur, j'ai un peu peur que mes enfants aient à vivre dans une société de plus en plus égoïste et individualiste.
RépondreSupprimerCoucou !
SupprimerMerci pour ton commentaire ! Tu as tout à fait raison !
Surtout que c'est assez hypocrite..on ne se réveille que maintenant alors que la municipalité aurait très pu agir avant....Maintenant histoire de montrer qu'elle fait quelque chose donc on pond un arrêté ! Des pauvres il y en a à Strasbourg et en voir dans la rue ce n'est pas normal.
Quand il y a eu une présentation de l'arrêté devant les adjoints, peu ont bronché parait-il. Mais maintenant ils condamnent sur les réseaux sociaux ! Belle affaire, comme si cela changeait quelque chose. Au moins un adjoint va l'attaquer au tribunal administratif.
Abbé pierre avait dit :
La première règle avant d'agir consiste à se mettre à la place de l'autre. Nulle vraie recherche du bien commun ne sera possible hors de là.
Et si les élus se mettaient à la place de ces sdf ?