Rue du Vingt-Deux Novembre, 67000 Strasbourg, France

Rue du 22 novembre : quand l'espace public est privatisé en pagaille

La rue du 22 Novembre piétonnisée par la municipalité précédente avait coûté plusieurs centaines de milliers d'euro. Pour mémoire, je vous invite à relire mes anciens articles de mon blog sur le sujet : 


Avant de vous évoquer, l'aménagement actuel de notre "Champs-Élysées" strasbourgeois, un retour dans le passé s'impose. Plongeons-nous brièvement dans la tribune publiée sur le journal local, les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA) du 16 juillet 2019, par Jean Werlen et Alain Jund, deux élus écologistes, qui dénonçaient indirectement la gestion chaotique de la politique socialiste de l'occupation du domaine publique : "« Uberisation, terrassisation, ségrégation ? » : Faut-il tolérer les terrasses ?..."

Très imaginatifs, ils utilisent le mot de "terrassisation".. 
À cette distanciation s’ajoute le processus de « terrassisation » croissante de nos espaces publics. Un espace « débarrassé » des voitures et donc rendu à l’usage commun ne peut, automatiquement et progressivement, être approprié par les terrasses. L’appropriation privative de nos espaces publics semble trop souvent sans limites.
Ces élus écologistes insistent bien sur l'importance réguler par la collectivité l'espace public .
Les terrasses avancent… Les habitants reculent !

Une terrasse est naturellement un lieu de rencontre, d’animation, de qualité de vie, de convivialité mais elle peut également, sans encadrement et sans limite, être un facteur d’exclusion et de développement exclusif et séparé.

Les mutations des secteurs piétonniers y compris les plus récents, sans équilibre entre les usages, se font trop souvent au détriment des habitants-résidents et d’abord les moins fortunés. Les processus de déménagements pour échapper aux bruissements nocturnes se développent… Accrus par la multiplication des locations saisonnières.

À ne pas trouver l’équilibre nécessaire, le risque est grand de générer une « muséification » avec tous ses effets collatéraux : fuite des familles, cohabitation complexe, transformation des grands logements en studios, accessibilité et survalorisation immobilière. Y compris à confiner les piétons et les cyclistes sur des espaces restreints où leurs cohabitations se crispent.

Bref….entre les habitants et leur ville, l’écart se creuse..
Le permis d'aménagement signé le 15 octobre 2019, par l'ancien adjoint écologiste Alain Jund, sous de la précédente mandature, ne nous exposait pas cette privatisation aussi folklorique de l'espace public.  

Copie d'écran des vues et coupes du projet du permis d'aménager de la rue du 22 Nov. J'ai ajouté des carrés et flèches bleus pour montrer les arceaux à vélo
Juin 2020 : Les écolos arrivent au pouvoir.. On se dit : Chouette, que suite à cela, les Verts iront tirer un trait définitif sur la gestion opaque de l'occupation du domaine public, bref y mettre de l'ordre en respectant enfin la loi.

Que nenni ! Les écolos en ne faisant rien, ont juste amplifié les problèmes existants. 

Avec Jeanne Barseghian, ce n'est pas d'écart qu'il faut évoquer, mais bien de rupture entre les habitants et leur ville.

Je les avais évoqué l'an dernier dans un article à retrouver sur mon blog. Je vous rappelle que cette rue fait du partie du domaine de la Charte de terrasses. La Grande Île de Strasbourg et la Neudstadt sont inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

>  A lire :

En 2020, aucune plan de terrasses de la partie aménagée ne figurait sur l'Open Data. Avaient-ils une autorisation ? Petite anecdote. Le 28 octobre 2020, j'avais alerté la municipalité des problèmes d'accès aux secours qu'occasionnaient les terrasses du boulanger Les Mains dans la Farine. Je me suis donc adressée à la responsable du département domaine public et débits de boissons. Elle m'envoie l'autorisation de la terrasse (le même jour de mon signalement), soit le 28 octobre signée par  Pierre Ozenne, élu en charge de l'occupation du domaine public. Elle omet de m'envoyer les avis municipaux et celui de l'architecte des bâtiments France. 

A ce jour, un avis Cada favorable concernant Méteor n'a pas été suivi par l'actuelle majorité, alors qu'elle prétend faire de la transparence démocratique son cheval de bataille

Avis n° 20203672 du 19 novembre 2020

Penchons-nous maintenant sur les autorisations avec leurs extensions exceptionnelles de 2021. J 'ai utilisé les données de l'Open Data de la Ville et l'Eurométropole de Strasbourg et j'ai fait une carte que vous pouvez trouver sur ce lien. 


La différence de profondeur des terrasses de Street Butcher ( 2.77 m) et Le Meteor (4m) est difficilement compréhensible, d'autant plus, et là je cite les commentaires du plan de l'autorisation de toutes les terrasses de la rue :
 "nécessité de mettre en place un dispositif de sécurisation sur l'emprise de la terrasse à côté de l'axe central pour garantir la sécurité des clients de la terrasses"
L'axe central de la rue est aussi l'axe majeur de circulation : piétons, cyclistes...

Le problème serait résolu, si les exploitants n'optimisaient pas au maximum leur espace. La municipalité impose bien un certains nombres de tables pour certains établissements comme la Boulangerie de l'Étoile qui bénéfice aussi d'une extension exceptionnelle. 

Seul l'hôtel Boma  et l'établissement Mr & Mrs Bun ne font pas du rembourrage de terrasse de l'espace public. 

Les délimitations des terrasses sont marquées par des clous

Si on note une sorte d'équilibre entre les terrasses les mains dans la farine et celles du Boma sur les plans, on remarque que dans les faits il n'en est rien. Les clous implantés au sol, laissent apparaître plus d'espace en largeur pour les Mains dans la Farine. Pourquoi une telle différence ? Juridiquement, ce sont ce sont bien les autorisations accordées qui priment et non pas le marquage au sol.


Quoiqu'il en soit, la délimitation au sol n'est jamais respectée par le boulanger. Les cyclistes ont souvent beaucoup de mal à accéder aux arceaux au point de pousser le mobilier des terrasses. 


L'extension accordée  à la boulangerie Les mains dans la farine pose de sérieuses questions :
  • La mairie a accordée 13 m2 soit autant que l'autorisation normale. 
  • Pourquoi accorder une extension exceptionnelle alors que la boulangerie n'avait pas fermé pendant le confinement ? Qu'est-ce qui justifie cette libéralité ? 


Mais si on regarde bien le plan de l'autorisation, on s'aperçoit que la terrasse autorisée empiéterait sur l'oasis de verdure. La preuve en image ci-dessous. Le nombre de tables installées augmentent en quelques jours. Une nouvelle autorisation de la municipalité ? 


Des arceaux à vélo supprimés 

La municipalité avait prévenu : nous ne supprimerons pas de place de parking pour mettre des terrasses, mais elle le fait pour les arceaux à vélo à côté de l'Hôtel Boma.

Le pauvres cyclistes doivent maintenant sécuriser leur vélo à côté de ce que surnommait la municipalité les 'oasis de verdure' (qui servent aussi de poubelles malheureusement).

Contactée à ce sujet, la municipalité  m'a juste répondu que les 
"Les arceaux vélos situés devant l’hôtel BOMA ont été provisoirement déposés.
Ils seront remis en place à la fin de l’été"
Quid des raisons ? Silence !  Nous n'en saurons pas davantage.

Si vous regardez bien le plan, il y aurait théoriquement de la place pour les arceaux à vélo. Certes, mais le cycliste n'aurait pas de la place pour y accéder.  


Et les arbres alors ? 

Les pauvres.. même leurs emplacements ont été empiétés par le zèle de la municipalité. 


Heureusement, qu'il y a un arbre à côté de la brasserie Metéor, qui peut ainsi ranger son mobilier de terrasse. 


Les horaires non respectés

Si l'on regarde les plans sur l'Open Data,  des terrasses autorisées, Boma peut ouvrir quand il veut "à l'ouverture du commerce" alors que Street Butcher, le Meteor et la boulangerie Les mains dans la farine à 11h et Mr & Mrs Bun  à la fin de la desserte autorisés. Qu'est-ce qui explique cette différence? On n'en sait rien. 

En fait, la plupart ouvrent bien avant l'heure autorisée, c'est-à-dire 11h. 

Le soir, on peut entendre bien après 00:30 les rangements des terrasses de la brasserie le Météor plusieurs mètres à la ronde. 

Le problème du conteneur de verre demeure...

Malgré plusieurs plaintes des riverains à la direction du territoire mais aux élus, l'unique conteneur de verre continue d'être utilisé surtout par les professionnels, qui viennent avec des caddies entiers, régulièrement, y jeter avec fracas leurs cadavres de bouteilles, tous les jours de la semaine, et tous les weekend, jours fériés compris.

La direction du territoire a toujours refusé de me dire qui a autorisé ce conteneur de verre ! J'ai été étonnée de constater qu'au budget participatif en 2021, mon projet de diminution des nuisances de la rue du 22 Novembre aurait été refusé qu'il y aurait une concertation.. Mais de quelle concertation parlons-nous, il n'en n'en a jamais eu pour ce conteneur !

> à lire l'article sur ce blog :  Rue du 22 novembre : L'improbable conteneur de verre


Les nuisances sonores ne sont absolument pas gérées. Pour les écologistes, ce la ne semble pas être un problème de santé publique.  Nadia Zourgui, adjointe en charge de la tranquillité publique, pointe bien les contrôles sur la délimitation des terrasses. 


Les écologistes ne prennent aucun mesure sérieuse pour régler ce problème de santé publique qu'est la bruit. Actuellement, la Ville de Strasbourg cherche un préfigurateur de tranquillité publique. Je ne comprends pas c'est ce que fait déjà la police municipale. Et pourquoi ne pas appliquer la loi tout simplement ? Ah, là, il faut du courage politique. 

Rappelons que la Ville de Paris, (qui est aussi une ville touristique) a choisi de limiter les horaires des extensions à 22h. Strasbourg, n'a rien rien changé.

A lire : Strasbourg : le cheminement écologiste de la soif ou le souk des terrasses


Des rues sous surveillance par les bars !

La municipalité s'est déjà exprimée chez Rue89 Strasbourg (article du 18 mai 2021). Ce sera niet pour de nouvelles caméras : Les écologistes ne coupent pas la vidéosurveillance mais freinent son développement

Mais, là, dans notre belle rue très passante, plusieurs bars et restaurants ont décidé d'installé des caméras de videoprotection.


Pourquoi installer autant de caméras de surveillance surtout dans la ruelle des aveugles, alors qu'il y a déjà une caméra de la Ville ? 

Pourquoi ces caméras ? 
  • pour surveiller ou contrôler les employés (par les patrons),
  • ou avoir à l'œil des clients en qui on n'aurait pas confiance.. 
  • ou pas confiance envers la municipalité qui se montre très arrangeante avec la loi et qui pose des caméras elle-même

Photo de Karolina Grabowska provenant de Pexels


Je termine cet article par une réflexion de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838) :



Remarques de Tomate Joyeuse :

J'ai écrit à Mme Barseghian, Maire de Strasbourg concernant les problématiques de l'Open Data 2021. Depuis, il y eu des changements mineurs :

  • Les tris sont possibles.
  • Les adresses ne sont toujours pas séparées : numéro et rue.
  • Les fichiers PDF sont toujours en format image
  • Les caractères spéciaux ont été supprimés mais les autres problèmes demeurent, pas de changement au niveau de l'ordre des colonnes 

Plus d'info sur cet article : Terrasses 2021 à Strasbourg ou les cachotteries de l'Open Data 

Par ailleurs, les avis de la Commission de la terrasses exceptionnelle ne sont pas publiés.

Articles complémentaires : 

Archi-Wiki sur la rue du vingt-deux Novembre

sur ce blog : 

Les données prises pour rédiger cet article proviennent de l'Open Data de la Ville de Strasbourg


N'hésitez pas à consulter les autres articles concernant Strasbourg sur mon blog.

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